Et voilà le deuxième opus de ce top 5 des BD. Clarifions tout de suite : les éléments ne sont pas triés, chaque saga est superbe et magnifie un élément : scénario, graphisme, idée de base, langage et jeux de mots... aujourd'hui, nous tenons notre vainqueur dans la catégorie graphisme et humour. Mention spéciale aussi à l'idée de base...
Ne vous faisons pas languir plus longtemps : le vainqueur est la série Zorn et Dirna.
Laissez-moi vous conter la plus terrifiante chronique de tous les temps !
Oyez la macabre tragédie qui priva notre monde de l'angoissante mais salutaire présence de.... la mort !!Car il ne faut point vous y tromper, cher public... même si elle fait aujourd'hui figure de légende, la grande faucheuse a réellement existé. Elle se nourrissait des âmes, choisissant ses proies sans pitié selon une terrifiante logique... compréhensible d'elle seule.
Parfois victime d'une irrésistible fringale, elle inventait des catastrophes naturelles, des guerres, ou des épidémies.En ces temps reculés, les hommes la craignaient, allant même jusqu'à inventer de nombreuses religions dans l'unique but de se rassurer, d'oublier, ne serait-ce qu'un instant, son inéluctable et définitive venue.
Avoir peur de la mort... les fous ! Ils ne savaient pas alors, combien son absence serait plus préjudiciable que sa présence !
Un homme, que dis-je ! un roi : Hochwald premier, ne parvenait pas à vivre quiétement en sachant qu'il devait un jour mourir.
Ses angoisses permanentes le menèrent à lever impot sur impot, dilapidant la fortune de son royaume dans sa quête éperdue de l'immortalité.
Il passa de nombreuses années de sa vie à faire travailler de pseudo-savants sur des projets plus extravagants les uns que les autres et testant leurs trouvailles sur de pauvres hères proches du trépas.
Las, sans succès, la mort remportait haut la main tout les challenges !
Arrivé à l'automne de son existence, Hochwald premier, sentant ses forces décliner, fourbit ses plus habiles stratagèmes, s'entoura de nombreux pièges non encore testés et se prépara au combat. Son homérique bataille contre la mort dura des jours entiers... et il en sortit victorieux ! Il était parvenu à emprisonner son ennemie jurée dans une psyché de grande taille.En regardant régulièrement l'image inversée de sa prisonnière dans le miroir, le roi, aux anges, ne vieillissait même plus. Égoïste, il n'avait point songé que ce geste allait entrainer une souffrance sans précédent chez ses sujets. Car pour le commun, ne pas mourir n'empêchait pas de souffrir des effets de l'aĝe... donc du pourrissement des tissus.
Il fut obligé de fuir le courroux de son peuple pour se réfugier avec sa cour dans une contrée inconnue...
Et voilà ! En quelques pages, l'intrigue est plantée. Rien de complexe, mais une idée fort recherchée : et si la mort n'existait plus ? Attention, ne tombons pas dans certains travers de la fantasy qui confère aux êtres immortels une jouvence infinie ! Non, supprimons la mort, mais gardons le pourrissement, la vieillesse et la décrépitude... sans jamais pouvoir fermer le rideau sur un dernier baroud.
Imaginez que si vous coupez l'axe cœur-cerveau de quelqu'un, son âme vienne se ficher dans votre corps et vous y hanter éternellement. Imaginez les laminoirs, d'immenses abattoirs humains dans lesquels les vieux viennent de bonne ou mauvaise grâce se faire trancher pour rejoindre le corps d'un lamineur, immense schyzophrène conteneur de milliers, de milliards d'âmes.
Imaginez les chasseurs de zombies, qui poursuivent sans répit les personnes âgées refusant de se faire laminer.
Imaginez le travail du boucher qui doit récupérer les meilleurs morceaux sans tuer sa bête sous peine de se mettre à meugler comme sa victime.
Et maintenant, imaginez qu'au milieu de ce monde déchiré entre solidarité et trahison naissent deux jumeaux, Zorn et Dirna. Deux enfants qui peuvent, d'un simple contact et par l'unique force de leur volonté, libérer une âme – la tuer !
Vous commencez à imaginer le potentiel de ces deux enfants ? Attractions de foire pour les uns, manne providentielle pour les autres...
Imaginez maintenant que le roi qui a emprisonné la mort regrette ses actions.
Imaginez que le dauphin son fils se languisse d'un trône promis mais à tout jamais inaccessible.
Imaginez que la mère des deux jumeaux se soit fait laminée et se retrouve dans un corps de barbare.
Imaginez que le père des deux jumeaux meurt au combat et se retrouve dans le corps d'une jolie blonde.
Imaginez que la famille se soit perdue de vue depuis des années.
Et maintenant imaginez les retrouvailles.
Vous imaginez ? Rajoutez un graphisme ravageur, avec des personnages aux grands yeux ronds qui n'ont pas peur de renverser des litres d'hémoglobine en oute impunité, un humour tout en non-finesse... voilà, vous commencez à avoir une idée.