Je n'ai aucunement l'intention de transformer ce blog en critique de films. Mais je viens de voir le film Avatar de James Cameron, et je pense utile de faire un retour de ce film encensé par les médias et plébiscité par les foules.

Je ne ferais pas de spoiler, même si le fait de critiquer apportera forcément des informations qui ne sont pas les bienvenues pour celui qui souhaite rester pur avant de de voir le film.

D'abord, l'expérience 3D. Deux technologies s'affrontent pour le même film, lunettes actives et passives. D'après ce que j'ai compris, le système actif nécessite des lunettes plus chères mais offre une meilleure qualité ; dans les deux cas cependant des maux de têtes sont à prévoir lors du premier visionnage de film (personnellement, je n'en ai pas eu, mais de multiples amis m'ont dit avoir souffert de migraines et été obligé d'ôter les lunettes pour quelques secondes).
Dans les deux cas, le cinéma ne se privera pas de vous sur-facturer une place déjà chère de 3€ pour contribution aux frais. Mouais.

Malheureusement, on est vite déçu par l'utilisation de la 3D. Dans quelques scènes, on note un plus, mais dans la majorité des cas les lunettes assombrissent simplement les images… au final, la meilleure utilisation de la 3D, c'est pendant la publicité pour Haribo en début de séance ! Une bonne idée donc, mais pas superbement implémentée, ce qui est bien dommage. Enfin, c'était ma première expérience en 3D et j'ai apprécié, mais je pense qu'à l'usage je me lasserai de ce système qui apporte beaucoup de contraintes. Messieurs les scientifiques et ingénieurs, au boulot !

Toujours pour rester dans le marketing autour du film, je dirais qu'il est victime de son succès puisque je me suis retrouvé hier devant deux salles complètes (alors que j'avais une demie-heure d'avance pour un film en VOST, du jamais vu). Mais cela n'a été que partie remise, et j'ai pu profiter des 2h50 de film cet après-midi. Oui, vous avez bien lu, 2h50 ; soit la même durée que le Seigneur des Anneaux… au moins, on en a pour son argent et on ne paie pas pour 15 minutes de scénario suivies d'une heure rachitique d'action minable (super productions ou adaptations de comics, si vous m'entendez ? ). En plus, l'immersion est totale, et on tient à peine debout en sortant de la salle…

Pour les graphismes, le rendu de la planète sur laquelle se passe l'action (Pandora, les amateurs de mythologie qui ont vu le film noteront l'analogie avec la boîte de Pandore) est superbe. Les végétaux sont magnifiques, éclatants de couleurs et de détails (la mousse qui brille quand on marche dessus est un plus non négligeable, je veux la même dans mon salon). Pour les animaux, c'est moins spectaculaire : si les bêtes volantes sont impressionnantes de beauté, les bêtes à terre (canidés et arachnides) sont moches ; on dirait de vulgaires chiens taxidermisés auxquels on aurait enlevé la fourrure. C'est bien dommage… même si cela reste un détail au milieu des panoramas orgasmiques qui s'offrent aux yeux.

On ressent le soin apporté aux détails dans toutes les images (il n'y a qu'une seule scène qui m'a gêné, après réflexion c'est un élément du décor qui était en 3 D mais ne suivait pas correctement les mouvements de la caméra) : de la gestion des particules aux rétroviseurs qui montrent la tête du conducteur, rien n'a été laissé au hasard et tout laisse une impression de réel qui s'érode très lentement, longtemps après la sortie de la salle.

Les paysages, comme je le dis, sont très beaux quoiqu'on se lasse un peu de la forêt vers la fin ; il n'en va pas de même pour les montagnes flottantes et les paysages « vus d'en haut » qui restent d'une beauté constante tout au long de la projection (mention spéciale à la scène où les jeunes chasseurs doivent escalader la montagne pour trouveur leurs futures montures, frissons garantis).

D'un point de vue radicalement opposé, l'étalage technologique dans la base humaine est imaginatif tout en restant utilitaire : ce n'est pas un simple eye-candy comme on en trouve dans certains films qui semble sacrifier à l'utilisabilité pour le design. On note d'ailleurs l'attrait pour le tactile et les écrans dématérialisés… le futur se rapproche !

La race principale, les Na'vi (je ne peux m'empêcher de faire le lien avec Nävis, l'héroïne de la BD Sillage) est correctement animée ; on retrouve des traits humanoides (faut croire que ce n'est pas vendeur sinon) et j'aime bien la taille, un facteur avec lequel les auteurs de SF jouent relativement peu. L'ensemble se teinte en permanence d'un érotisme très doux sans jamais être grossier, les autochtones étant toujours quasiment nus (tout comme la sirène, on touche ici au problème de relater un problème d'amour « animal » à des humains sans répulser le spectateur devant des relations qu'il jugerait bestiales).

À côté des graphismes, le scénario. Ne vous attendez pas à une intrigue extrêmement complexe (ça reste une super production ! ) ; les rebondissements arrivent de façon linéaire, les personnages ne sont jamais totalement gris et finissent au bout de quelques minutes par basculer définitivement dans le stéréotype gentil / méchant. Citons par exemple le colonel qui est gentil au début et qui devient méchant après deux scènes où il fait semblant d'être sympathique, et la scientifique qui parait froide mais qui au final n'hésite pas à se sacrifier pour sauver un peuple (non, je n'ai pas spoilé. Vous comprendrez en voyant le film). Un peu dommage donc, cette logique binaire et prévisible qui s'applique même aux classes entières de personnages (tous les Na'vi sont gentils sauf un qui ne devient gentil qu'au milieu du film, tous les militaires sont méchants sauf une qui va sauver le héros au milieu d'une scène ultra-prévisible). Le comble est atteint lorsque les humains invoquent pour excuse le sacro-saint argent et les dividendes des actionnaires… Enfin, il faut croire que c'est un travers dans lequel Hollywood ne peut s'empêcher de tomber, et puis même si on sait que ce n'est que du cinéma et que de toute façon les gentils gagneront à la fin (oups, là j'ai peut-être spoilé… mais vous vous en doutiez, non ? Sinon il y aurait « interdit au moins de 12 ans », l'Amérique protège ses enfants), on se laisse aller à avoir peur pour le héros et à réagir avec nos tripes aux actions et tirades dithyrambiques des personnages (comme d'habitude, c'est la musique qui sert de catalyseur et crée ces émotions… car si on fait vraiment attention aux discours, ils sont mièvres comme dans la quasi totalité des films. Ils ont une bonne excuse : comment retranscrire en quelques minutes des débats de plusieurs heures autrement qu'en jouant avec les émotions de la foule ? ).

Il y a de très bonnes idées dans la trame. Certaines sont parfois trop faciles pour être vraiment admirées (le coup du dragon maître des cieux qui ne protège pas ses arrières… ), mais dans l'ensemble les scénaristes ont été très créatifs. Mention spéciale (encore une ! ) pour l'interface homme / animal développée par les Na'vis, qui n'est pas sans rappeler… la connexion USB de nos PCs. On sait enfin où « ils vont chercher tout ça ! » ; et l'utilisation de ce plug and play ajoute un côté technologique qui fait sourire, surtout quand on le compare à la rusticité de ces clans (les scènes de magie tribale en sont le parangon).

Malheureusement, le scénario souffre de quelques lacunes dans sa trame, qui sans être réellement handicapantes enfoncent le niveau général de l'action (posez-vous la question : que font les humains pendant que John perd deux jours à rassembler les tribus ? Rien. ), et d'incohérences plus ou moins grosses (à croire que la forêt est ignifugée, même des centaines de missiles au napalm ne brûlent qu'un arbre ! ). Ces défauts sont compensés par d'autres points plus positifs ; j'ai par exemple noté un certain travail au niveau de la langue des indigènes, à la fois musicale et cohérente (on note la même racine pour dire frère ou sœur, seul le suffixe change : -o ou -a, si mes souvenirs sont bons) et des machines utilisées par les humains (le système de quadruple rotor sur les hélico, deux dans chaque turbine).

L'idée des Avatars est bonne, très bonne (quoique pas nouvelle), et les informations sont distillées au compte-gouttes ce qui laisse au spectateur le temps de réfléchir (que se passe-t-il si on tue un avatar ? Si on tue l'homme qui le contrôle ? Si on le déconnecte ? Etc. ).

Au final, Avatar est un très bon film. La 3D apporte un léger plus par rapport aux autres films, mais surtout les graphismes superbes et le scénario moins minable que d'autre productions hollywoodiennes poussent à une immersion globale dans le film, et les 2h50 passent vraiment rapidement.

Je n'ai qu'un seul regret : le message simpliste distribué par le film ; que les militaires et les humains sont des brutes qui ne savent que détruire alors que les écologistes qui vivent en phase avec la nature reçoivent l'aide dont ils ont besoin grâce aux soins qu'ils ont continuellement prodigués à leur Terre. Sans être tout à fait faux, en cette période où l'écologie est à la mode, la technologie n'avait vraiment pas besoin de ça.