Dis tonton Neamar, tu trouves pas que tes sites font pas très ouèbe 2.0 ? C'est vrai quoi, on peut même pas commenter !
Hum. La franchise m'impose de répondre sans ambages ni
atermoiements : « oui ».
Mais mon côté cartésien me dicte d'expliquer les méandres qui
m'ont amenés jusqu'à cette position peu courante sur les
rivages de l'Internet…
Car il faut nuancer : si on ne peut pas commenter, je
n'ai rien contre le côté « collaboratif » du web,
bien au contraire : il suffit de voir les presque
10 000 membres de
Ça coule de source pour
voir que je n'ai rien contre les comptes utilisateurs !
Mieux encore ; j'adore héberger des textes qui ne sont
pas de moi – avec, faut-il le préciser l'accord (voire
la demande) de l'auteur. La section Ressources regorge
d'exemples : de
Stropovitch au
travail plus que collaboratif de
Reflets d'Acide, on
voit que j'aime avoir des retours ou simplement collaborer.
En fait, les deux seuls endroits où l'on pourrait décemment me reprocher de ne pas laisser la possibilité de commenter, c'est Omnilogie et ce blog.
Pour Omnilogie, c'est un choix mene, mene,
tekel, upharsin. On en a longuement devisé
avec Anthony et l'aréopage
des admins, pour en arriver à la conclusion qu'un système de
commentaires apportait peu mais impliquait beaucoup.
Apportait peu, parce que la plupart des commentaires sur les
sites web se réduisent à l'expression de l'assentiment
(ou non) de l'auteur dudit commentaire : « super
article », « pulchre, bene, recte »1
« nul ». Ce qui n'est pas forcément intéressant pour
le lecteur ! À la rigueur, on pourrait imaginer un
système de notations, mais cela implique une hiérarchie
subjective dans les articles qui ne m'enchante guère (les
articles qui me plaisent ne sont pas les articles qui plaisent
à d'autres, l'expérience l'a maintes fois prouvée).
Impliquait beaucoup, parce que les robots et les spammeurs
sont légions. Bloquer les uns est – souvent –
chose facile2, censurer les autres est plus complexe. D'abord, parce que
certains apportent un réel contenu (dont le but reste
d'attirer le visiteur vers un site annexe), et qu'il faut dès
lors définir une limite sur ce qui est de l'ajout pertinent
d'information ou de la simple propagande. Et ce choix ne peut
pas être automatisé : il faut donc une personne qui se
charge de valider subjectivement les commentaires. Certes,
Omnilogie n'est pas Facebook et ne grossirait pas de plus de
50 commentaires pas jour (et je suis déjà généreux), mais
c'est une charge de travail que je ne me permettrais pas
d'imposer à quelqu'un ; d'autant qu'il faudrait une
confiance absolue dans l'objectivité et la justesse de
raisonnement de la personne qui agirait en despote,
per fas et nefas.
Cependant, nous souhaitions garder un moyen de contact avec le
Public avec un grand P, ces visiteurs anonymes qui
représentent un gros pourcentage des visites et qui ont
parfois des remarques intéressantes ou modificatrices, c'est
pourquoi il y a quand même une page de contact pompeusement
nommée « chat des admins » pour signaler les erreurs
potentielles. Mais ça ne va pas plus loin. (En revanche,
les rédactions d'articles
sont ouvertes à tous. Oui oui, même à toi, qui me regarde
derrière ton écran. )
Pour le blog, c'est un choix plus ambigu et qui sera plus
facile à reconsidérer.
D'abord, il y a le côté technique : Joomla ! est un
monstre protéiforme horrible à manipuler et déjà alourdi par
plusieurs plugins plus ou moins utiles (et moins ou moins
optimisés). Ajouter un système de commentaire relève donc du
suicide virtuel, de l'acte de cruauté envers ce pauvre serveur
qui vous offre la page que vous lisez actuellement.
Et puis – en plus des raisons sus-citées pour Omnilogie
et qui s'appliquent dans une moindre mesure ici –, il y
a la peur de ne pas avoir assez de commentaires pour être
crédible. J'apprécie personnellement peu ces nombreux blogs
qui exhibent fièrement leur « 0 commentaires »3
sur des articles vieux de plusieurs années ; et n'ayant
pas la prétention de faire beaucoup mieux je préfère la
voi(x|e) du lâche qui est de ne pas affronter le problème.
Vous aurez remarqué qu'il s'agit d'ailleurs d'une spirale
vicieuse4, puisque quand le trafic aura atteint un taux
« convenable » (à définir un jour ! ), les
arguments contre les commentaires sur Omnilogie deviendront
les arguments contre les commentaires sur ce blog.
Bref, voilà qui est dit. Il ne s'agit pas forcément de décisions irréversibles (je suis d'un naturel cacochyme), mais pour l'instant les choses resteront telles qu'elles sont. Avec toutes mes excuses pour les nombreuses personnes qui ont des choses passionnantes à raconter et qui se voient contraintes d'utiliser le formulaire de contact.
Ite, missa est.
P.S : hum, je m'aperçois à rebours que j'ai oublié de mentionner le site des mots moribonds (pas le site, les mots). Les arguments restent grosso-modo les mêmes, en plus du fait de ne pas offrir un réel contenu unique.
- 1 ↑ Je vous accorde que celui-là est moins courant que les autres, les chantres apologétiques étant rarement enclins à la capucinade rhétorique alambiquée !
- 2 ↑ Il suffit de détecter quelques mots anacréontiques bien choisis, tels la petite pilule bleue, ou d'imposer une image au visiteur pour passer le test de Turing inversé.
- 3 ↑ Notez le s.
- 4 ↑ Et non d'un cercle, car les arguments changent avec le temps sans boucler.